#REGARDS CROISES #DIEGO-SUAREZ
REGARDS CROISÉS, une résidence artistique à DIEGO-SUAREZ, MADAGASCAR
Antsiranana, le nom officiel de Diego-Suarez, est la ville-capitale de la province de Diana, située au nord de Madagascar, au pied de la deuxième plus grande baie du monde.
De nombreuses communautés et nationalités (antakarana, sakalava, yéménite, comorienne, chinoise, indo-pakistanaise, européenne...) cohabitent dans cette ville de plus de 120 000 habitants fortement marquée par l'ancienne présence militaire française.
C'est une ville haute en couleurs, bouillonnante, attachante et émouvante.
La population de Diego-Suarez est en contact avec peu d’évènements culturels, ou du moins avec une offre culturelle très peu variée. La plupart des évènements de la ville sont centrés autour de la danse traditionnelle, le Salegy, le karaoké ou les spectacles de percussions. Malgré tout, la compagnie Zolobe organise depuis 10 ans un festival des arts de la rue Zegny'Zo, qui avec la fête de la musique et le festival Stritarty organisés par l’Alliance Française, constituent les événements culturels phare de la ville.
Outre ces évènements, la population diegolaise a très peu d’opportunité d'entrer en contact avec d’autres types d’arts, quasi inexistants dans la ville.
Il n' y a plus de cinéma depuis le milieu des années 90 à Diego.
LA RESIDENCE
Créée en 2019 par l'Alliance Française de Diego-Suarez, sur une idée originale de
Denis Rion et d'Emmanuelle Faure, Regards Croisés est un temps fort durant lequel la ville devient un objet de réflexion et se trouve explorée, interrogée, illustrée, remise en question, à travers différents regards artistiques.
Il s’agit d’une résidence d'immersion et d'ateliers d'animations prenant lieu dans trois quartiers de la ville, et à la quête de problématiques sociétales ou politiques, d’histoires insolites ou de personnalités atypiques.
Les participant.es à la résidence représenteront une composition de différents champs artistiques (photos, vidéos, graphiques, arts plastiques...) et l'ensemble des travaux constituera une oeuvre commune restituée in situ dans les quartiers, célébrant les habitant.es qui en auront été les principaux protagonistes.
MA DEMARCHE
Rencontrer, écouter, témoigner.
Le projet que je propose de réaliser pour la résidence Regards Croisés aura pour medium le son.
L'enchaînement d'engagements et d'activités conduisent parfois à vivre des périodes transitoires dans une vie. Propices au recul, à la réflexion et à la découverte, ces périodes doivent nourrir le ressourcement et l’introspection.
C’est par cette approche que j’ai découvert Diego-Suarez à l’automne 2021, par l’entremise de Denis Rion, un ami photographe Nantais, et compagnon régisseur de longue date, et qui m’avait depuis longtemps déjà raconté la Grande Ile. Au profit d’une de ces périodes transitoires et sans autre objectif que l’évasion et les rencontres, j’ai vécu un mois dans la ville, installé à la Terrasse du voyageur, guidé par sa propriétaire, Sophie Abdoud Anjara.
Muni d’un enregistreur audio et d’un casque, je me suis mis en quête de rencontrer des personnages et des initiatives qui animent cette ville émouvante. C’est ainsi que que j’ai rencontré les constructeurs de pirogues du quartier de la Dordogne ; les fondateurs du studio d’enregistrement Tank ; l’association d’aide aux mères isolées Sameva, par l’intermédiaire de sa présidente, Irène Zafirina ; Chacha et le Loko, lieu dédié à la danse et aux cultures urbianes ; l’atelier de sculpture d’Arsène ; l'association de soutien scolaire et d’animations culturelles Kilonga; le musicien Gil Job Tsimijaly; les artistes... Toutes ces rencontres riches d’humanités ont ravivé chez moi l’envie de reportages que j’avais enfoui plus jeune.
Lors d’une rencontre avec Cassie Butchle de l’Alliance Française, j’ai eu l’occasion de présenter mon parcours et mes initiatives, et exprimer mon souhait de prolonger l’expérience une fois rentré en France, d’imaginer une future collaboration. Cassie m’a alors présenté le projet Regards Croisés, dont la philosophie est, je veux le croire, proche de la démarche que j’avais engagée en arrivant à Diego.
Lorsque l’appel à projet a été publié, je me suis interrogé et finalement mis en quête de propositions afin de poursuivre la démarche initiée lors de ce premier séjour.
Ma démarche est d’être sensible au sonore, de me placer dans une position d’écoute croisée, de réaliser des captations immersives, de révéler les communs et les singularités.
LE PROJET
Le Temps et la Distance. L’Espace.
La dualité du temps et de la distance pour caractériser les liens entre individus, habitants ou non le même toit, le même quartier, la même ville, le même pays, le même monde. La distance géographique les séparant pouvant être tout autant proportionnelle, relative ou absolue, connectée ou déconnectée, du temps qui passe, propre à chacun.e. De sa culture, de ses rythmes vitaux, de sa condition sociale, de ses possibles.
Le temps et la distance sont également les deux grandeurs physiques intervenant dans la reproduction d’une captation sonore spatialisée. Le bruit distant qui se rapproche, le murmure chuchoté derrière l’oreille, les ambiances de rue de part et d’autre de la chaussée, les bruits du quotidien, selon la place que l’on y tient. Chaque expérience d’écoute devient singulière de ce fait. Selon la place qu’il occupe dans cet espace sonore, chacun.e ne vit pas tout à fait le même instant que son ou sa voisin.e, bien qu’ils et elles soient convaincus de partager le même environnement ou le même monde.
Le temps et la distance seraient ainsi à la fois les prétextes et les moyens de l’immersion et de la célébration de trois des quartiers de Diego-Suarez.
Le fond du projet :
Pour chacun des quartiers radiographiés,
- Sillonner, entendre les ambiances,
- Écouter, être attentif aux habitants
- S’immerger, favoriser les rencontres
- Impliquer, susciter le but commun
- Révéler, les histoires ou les initiatives,
- Croiser, les singularités, les communs,
- Diffuser, à l’intérieur, à l’extérieur.
La forme du projet :
- Des capsules auditives, des ambiances, des bruits, des interviews, des micro-trottoir, des échanges, des fictions, des performances musicales,
- Des contenus audio, pouvant être des illustrations sonores des pièces produites au cours de la résidence, mais aussi des objets autonomes,
- Des ateliers de groupes constitués ou à constituer, participant à la production commune, favorisant l’implication et la reconnaissance, l’identification.
Les restitutions du projet :
- Des expériences individuelles, au casque,
- Des écoutes collectives, illustrations de la résidence commune,
- Des écoutes différées, par la pose de street-QR code dans les quartiers, localisant les captations et les vécus,
- La diffusion ultérieure de podcasts, sur des médias locaux, à Diégo-Suarez ou ailleurs, multipliant les distances et rapprochant les cultures.
Les moyens du projet :
- Un enregistreur audionumérique,
- Une “tête” de captation binaurale,
- Des micros, uni et omnidirectionnel,
- Des accessoires de prises de son,
- Un ordinateur portable et logiciels libres de production audio,
- Des lecteurs audionumériques autonomes, réalisés sur place au cours d’ateliers de construction,
- Une console de mixage, des casques, pour l’atelier radio,
- Une enceinte portative..
Les proposition d’ateliers
- Atelier ‘Radio-graphie’
Public : scolaire, tout public. Effectif : 8 - 12 personnes. Objectif : Réalisation d’un enregistrement audio fictionnel participatif d’une quinzaine de minutes ayant pour cadre le quartier.
- Atelier ‘Chasse aux sons’
Public : scolaire, tout public. Effectif : 8 - 12 personnes. Objectif : Capturer les sons, les ambiances, les bruits qui caractérisent chaque quartier.
- Atelier ‘Lecteur autonome’
Public : amat·rice·eurs averti·e·s, professionnel.les, artistes. Effectif : 4 - 6 personnes. Objectif : Fabriquer des lecteurs audio à base de cartes électroniques et qui serviront lors des restitutions.
- Atelier 'mosaïqRue-code'
Public : amat·rice·eurs averti·e·s, professionnel.les, artistes.
Effectif : 4 - 6 personnes. Objectif : Réaliser des mosaïques sur des murs du quartier, représentant les QR-code qui serviront de liens à l’écoute pérenne des enregistrements réalisés dans les autres ateliers.
PLANNING
- Samedi 21 mai, arrivée à Antananariva, capitale de Madagascar
- Lundi 23 mai, après 35H de voyage à travers la brousse, arrivée à Diego-Suarez, début de l'immersion.
- Mercredi 1er juin, début officielle de la résidence, constitution des groupes artistiques.
- Jeudi 2 juin, premiers ateliers radio-graphies, chasses aux sons et lecteurs autonomes
- Jeudi 9 juin, première restitution en quartier
- Dimanche 12 juin, restitution finale à l'Alliance Française
- Lundi 20 juin, départ de Diego-Suarez et voyage retour.
bonus...
Ce voyage de résidence est aussi l'occasion de faire parvenir du matériel pédagogique et technique toujours le bienvenu sur place. J'ai la possibilité d'emmener avec moi 20Kg de crayons, pinceaux, peinture, feutres, micro, câbles, gaffer, gélatines...
Pour financer ce projet, j'ai eu recours à une campagne de financement participatif, campagne qui a obtenu un franc succès, ce qui m'a permis de pouvoir faire dons de l'excédent à trois associations diégolaises : Kilonga, Loko, et Sameva.
Je remercie ici toutes les contributrices et tous les contributeurs pour l'intérêt qu'ils ont porté au projet.